Tu verras, tout ira mieux.

Salut tout le monde, aujourd'hui est un jour très spécial pour moi. Je ne m'étalerai pas sur le sujet maintenant, mais voilà, il y a des jours de notre vie qui sont synonymes de moments peu joyeux.

Cette année est un peu différente des années passées. Elle représente une décennie passée.

Pour l'occasion, j'ai ressenti le besoin de partager sur mon blog. Plus pour moi que pour vous, j'en suis désolée. Je vais partager avec vous quelque chose d'un peu secret. Depuis très longtemps, je m'écris à moi-même. Oui, c'est un peu gênant vu comme ça. En fait, de temps à autre, j'écris à la Roxane du passé. Ça m'aide à voir au fil du temps comment était ma vie et ce que je ressentais à tel ou tel âge. Ça me permet de voir mon évolution.

Je vais donc partager ci-dessous avec vous un texte que j'ai écris il y a plusieurs mois, à la Roxane de 13-14 ans.

Bonne lecture.

« Tu verras, tout ira mieux qu’ils disent. Mais c’est faux d’accord. Certaines choses ne changeront pas et tu dois le savoir. Tu dois comprendre que tu culpabiliseras peut-être toute ta vie pour un tout et rien. Tu dois imaginer que tu ressentiras certainement jusqu’à la fin de tes jours, ce manque qui aujourd’hui te crève le coeur. Ce genre de choses ne changeront jamais. C’est gravé en toi comme tout le reste de ton corps, gravé lui par la colère d’un Autre. Mais comme pour les marques, tu apprendras à vivre avec, et c’est le plus important. Tu dois savoir que le deuil de ton enfance durera plus longtemps que tu ne l’avais pensé. A presque 20 ans, tu auras encore beaucoup de peine à te dire que c’est vraiment fini. Tu te réveilleras encore en pleurs, ayant l’impression que ta peau brûle de douleur. Mais c’est les traumatismes.

Tu verras qu’avec le temps, tu vas plus ou moins savoir les gérer. Le deuil de la femme, de la mère, de la plus douce des mamans prendra lui beaucoup plus de temps. Au jour d’aujourd’hui, je ne sais pas si tu le ferras réellement un jour. Tu ferras le deuil de la situation, de la violence sans nom, de la mort tragique. Mais tu ne ferra pas le deuil de la personne, de son âme, de ses câlins chaud et rassurants, même dans le chaos. Pour le moment, tu sais au moins voir les souvenirs comme quelque chose de positif, de vivant. Tu sais qu’à présent, cette mère continue à vivre à travers toi. Dans ton esprit, mais aussi dans ta façon d’être. Dans ton humour un peu beauf, dans certaines de tes mimiques. Elle vit à travers toi dans la finesse de ton corps. Corps que tu continueras longtemps à voir comme cabossé, mal en point. Mais au moins, elle vit dedans. Et c’est bien. Je pense qu’aujourd’hui, le plus difficile pour toi est d’imaginer tout ce que vous auriez pu vivre maintenant. Les remises de diplômes, les anniversaires, le mariage, les naissances. Tout ces moments que tu pensais vivre avec elle lorsque tu était enfant. Il t’était difficile de vivre avec toi-même, mais tu verras que ça s’améliorera. Ne perd pas espoir.

Tu vas continuer à penser, certains jours, que tu es incapable. Mais tu verras que certains jours, tu te réveilleras en te sentant la reine du monde que rien ne peut arrêter. Et c’est ces journées que tu dois garder en tête. Apprends à être un peu comme ta mère, à continuer à croire encore et encore que tu vas y arriver. Tu vis une sale phase qui s’appelle l’adolescence et qui pourrit tes neurones, mais crois au fait que tu vas réussir à devenir une jeune femme et une adulte qui casse la baraque. Dis toi que quand tu grandiras tu sauras exactement où tu veux aller, et que tu seras prête à tout pour y arriver.

Je sais que pour l’instant, tu ne souhaites que te détruire pour un monde qui te semble meilleur. Mais tu comprendras un jour que le meilleur des mondes est celui où tu te trouves actuellement, avec les tiens. Je vois avec du recul, toute la force que tu as en toi. Cette envie de tout casser, cette rage qui ne demande qu’à sortir. Et je sais que tu ne vas pas me croire, mais un jour ces ondes négatives vont se transformer en envie de faire bouger les choses. Tu auras envie de crier à l’injustice que tu as vécu, mais que tant d’autres vivent encore au quotidien. Cette force te permettras de te sentir concernée par tout ce qui se passe autour de toi. Elle ferra de toi une personne dure à convaincre, dure à cerner, compliquée et têtue. Mais c’est ce qu’il te faut.

Tu verras que tu ne seras pas mécontente d’être ainsi. Tu garderas ta colère dans un petit coin, et tu en ferra bon usage lors de tes petits combats à l’injustice. Tu dois aussi savoir que des injustices, tu vas encore en vivre plusieurs. Elles vont te blesser, te faire lâcher quelques larmes, mais garde en tête que ce ne sera jamais comparable avec avant. Tu continueras à te lever comme si de rien n’était, parce que tu vas comprendre que rien ne peut plus t’arrêter, et que ce n’est pas quelques cons qui le feront. Tu apprécieras presque parfois voir un homme tenter quelque chose de malveillant à ton égard, parce que tu sauras qu’il aura choisi la mauvaise cible, et que c’est lui qui finira par pleurer en boule dans son lit.

J’aimerais tellement que tu comprennes que tu n’auras plus jamais à te sentir mal le soir seule dans ton lit. Tu n’auras plus jamais à ressentir la gène de la nuit, synonyme pour toi de danger. La nuit te semble si dure, si fragile. Tu as l’impression que tu risques de ne jamais te réveiller, et parfois tu le souhaites. Mais dans quelque temps ça va changer. Tu remarqueras que la nuit est par exemple, le moment où tu peux le mieux revivre certains moments avec ceux que tu as aimé et qui ne sont plus là. Tu pourras revoir leur sourire, ressentir encore et encore leur amour pour toi. Finalement, tu verras que tu te réveilleras tout les jours avec la patate, grâce à ça. Toi qui pense être une personne négative et pessimiste, tu vas bientôt comprendre que c’est faux. Tu es quelqu’un d’optimiste, tu aimeras la vie et les gens qui t’entoureront. Tu aimeras rencontrer des inconnus dans le tram et discuter de tout et rien. Tu aimeras voir les gens heureux, et tu voudras les accompagner dans ce bonheur. Tu prendras le plus grand des plaisirs à rire aux éclats. Je te le redis, tu es une personne optimiste. Il s'avère simplement que pour plusieurs raisons différentes, la vie à décidé de te mettre quelques coups. Certains ont voulu détruire cette positivité en toi. D’autres n’ont plus voulu t’entendre rire. Certains souhaitaient que tu deviennes livide et inexistante. Ce que tu as fais. Tu t’es fait petite, malgré ton long corps. Mais dans peu de temps, tu vas en avoir marre et tu vas décider d’exister. Ce sera biensûre parfois compliqué, tes vieux démons viendront te revoir et te rabaisser à nouveau pour t’emmener au pays du pessimisme et de la tristesse. Tu auras donc des fois le sentiment de n’être qu’une débile de fille négative à qui rien ne convient, mais il ne faudra pas que tu y crois, je t’en supplie.

Je sais combien cela va être dur pour toi. Te battre souvent entre ton envie de tout détruire, et celle de te détruire toi même. Crois-moi, tu ferras encore souvent face à d’éternelle idiots. Mais n’ai pas peur de ceux qui auront de la peine pour toi parce que tu connais ta force. N’ai pas peur de ceux qui auront de l’admiration pour toi, parce que tu connais tes faiblesses. Quand je repense à toi, j’ai envie de te serrer fort dans mes bras, parce que je sais que c’est ce dont tu as besoin. Bientôt, tu découvriras des moments agréable et chaleureux durant lesquels ont te prendras fort contre la poitrine. Tu vas découvrir ce qu’est le fait d’être aimée par un garçon. Tu vas rencontrer des amies qui te prendront dans les bras, même si tu fais mine de ne pas aimer. Ces personnes n’attendront pas que tu demandes cette affection que tu recherches tant. Alors je sais, ces moments d’amour ne remplaceront jamais ceux qui te manquent le plus. Je sais que tu aimerais juste que ta mère te caresse encore le visage en te disant aurevoir. Et tu regretteras ces instants toute ta vie. Mais tu vas devoir apprendre. Tu ne peux pas t’apitoyer sur ton sors. A présent, tu dois accepter que tu es en vie et que tes parents ne le sont plus.

Tu dois accepter que la vie est faite ainsi. Mais tu dois garder en esprit que certains se lèvent tous les matins sous les bombes. Tu dois te souvenir que certains vivent près de chez toi, en bas des immeubles et dans les parcs. Bien plus seuls que toi. Tu devras par contre aussi accepter que ta vie n’est pas forcément aussi commune que tu le penses actuellement. Tu devras accepter qu’elle pourra en choquer certains. Mais tu ne devras jamais accepter devenir un phénomène de foire, un gossip ambulant pour les moins futés. Je te souhaite tellement de courage, parce que je sais ce que tu traverses. Je te souhaite d’un jour t’aimer à ta propre valeur. Je te souhaite de devenir aussi douce et puissante que la femme qui t’as mise au monde. J’espère pour toi le meilleur du monde, parce que tu dois accepter y avoir droit. »

Pour ceux qui ont lus jusqu'au bout, merci du fond du coeur.

À la prochaine,

Xaro